Longtemps resté inaccessible, Trials of Mana a enfin débarqué dans sa forme originelle, mais traduite, dans la Collection Mana commercialisée exclusivement sur Nintendo Switch fin 2019. Cette année, Square Enix propose de faire (re)découvrir au plus grand nombre ce chaînon manquant de la mythique trilogie de l’univers Mana sur Switch, mais aussi PC et PlayStation 4.
Un remake inespéré
Quel exercice difficile que de critiquer un remake. Surtout quand il s’agit d’un titre âgé de 25 ans n’ayant jamais officiellement traversé nos frontières. Il faut garder en mémoire ce que le jeu pouvait apporter à l’époque, tout en évaluant sa transformation et sa pertinence, aujourd’hui, sur le marché du jeu vidéo. Car hormis l’intérêt historique, un remake ou remaster n’en demeure pas moins un nouveau jeu qui doit aussi trouver sa place dans un paysage vidéoludique désormais plus étendu et exigeant.
En 1995, nous avions affaire à un Action-RPG en 2D qui ne demandait pas moins de 50 heures pour en venir à bout. Bénéficiant de l’aura de Secret of Mana, certains l’ont fantasmé quand d’autres ont sauté le pas de l’import ou de l’émulation. Ces années qui nous séparent de l’original n’ont fait qu’agrandir nos attentes… et nos craintes. Le remake de Secret of Mana sorti en 2018 avait de quoi nous rendre méfiants de ce nouveau Trials of Mana. Mettons les choses au clair dès à présent : le Seiken Densetsu 3 version occidentale de 2020 s’en sort bien mieux que son prédécesseur.
L’histoire se montre fidèle à l’original et reprend ce qui faisait la particularité du titre de la Super NES : la découverte et le choix des personnages. Vous composez votre équipe de trois héros et/ou héroïnes ayant pour chacun une histoire et des aptitudes particulières. Cela influence une grosse partie du scénario sans pour autant dévier le but principal de l’aventure : trouver l'épée Mana et sauver l'arbre Mana alors menacé par des forces obscures.
Petits couacs techniques
Sur Switch, nous préférons jouer avec la console placée sur le dock. Le petit écran de la machine rend la lecture presque illisible de certaines informations et il arrive que l’appareil chauffe bruyamment ce qui n’est pas très agréable. C’est d’ailleurs également le cas avec l’exemplaire sur la PlayStation 4. Qu’il s’agisse de la version Switch ou PlayStation 4, nous avons remarqué que des textures ont besoin d’un petit laps de temps pour s’afficher, tout comme les distances d’affichage restent limitées surtout en ce qui concerne l’apparition des ennemis. Il existe de rares chutes de framerates dans les deux versions testées, surtout pendant les cinématiques ce qui est déjà moins handicapant que si cela avait été le cas pendant les affrontements. Enfin, nous avons eu quelques bugs : l’épée de Duran lors des combats a disparu de l’écran et, plus embêtant, un personnage s’est retrouvé coincé hors champ pendant un combat contre un boss, m’obligeant à recharger ma partie.
Un mythe rajeuni et généreux
La première nouveauté qui, forcément, saute aux yeux, c’est le passage à la 3D. L’esprit cartoon demeure, mais la réalisation des personnages bénéficient d’un plus gros effort que ceux de Secret of Mana. La direction artistique ne va pas satisfaire tout le monde, c’est avant tout une affaire de goût. Personnellement j’ai quelques réticences sur l’emploi de cette palette de couleurs, à la fois criarde et délavée. Mais les véritables regrets se placent du côté de l’animation, pas toujours flatteuse. Peu dynamiques, mais surtout lentes, les scènes qui ponctuent l’aventure rendent les personnages assez statiques et les interactions manquent de naturel. Si les environnements profitent d’une vraie diversité, les décors à quelques occasions se montrent eux un peu vides.
La 3D c’est aussi l’occasion de retravailler les personnages et leur apporter un peu de profondeur. Malheureusement, Square Enix n’en a pas profité pour se sortir des stéréotypes habituels. Nos héros et héroïnes n’échappent pas aux clichés et au déterminisme déjà présent en 1995 et pire encore, cela a été accentué. Côté musique, c’est une petite déception, car s’il y en a deux ou trois qui réussissent à nous enchanter, elles sont peu nombreuses et pas assez réorchestrées pour devenir cultes. Mais d’un côté, quand on se souvient de la bande-son remastérisée de Secret of Mana, on peut s’autoriser à dire que finalement, ce n’est pas si mal.
Outre les nouveautés côté combats dont nous parlerons juste après, ce remake s’accompagne de contenus inédits. Déjà que le jeu de base offrait une belle rejouabilité grâce à ses six personnages et leur propre histoire et capacités, vous aurez très certainement envie de lancer une nouvelle partie améliorée pour connaître toute l’histoire et jouer d’une autre manière. C’est tout un chapitre qui a été ajouté à la fin du jeu pour rallonger encore plus la durée du titre. Sur ce point, Trials of Mana a fait preuve de générosité. La présence d’une quatrième classe pour chacun des personnages fait également son apparition. Aussi, pour se simplifier la tâche et éviter de se perdre dans les nombreux allers et retours, des indications ont été rajoutées pour suivre l’aventure et aller droit au but.
Un système de combat prenant
Mais Trials of Mana, c’est aussi et surtout un système de combat et un sens tactique hautement satisfaisants. Retrouver non sans nostalgie tous les clins d’oeil et mécaniques de l’univers Mana a même quelque chose de réconfortant nous faisant renouer avec les RPG japonais old school et plus précisément, les Action-RPG. On prend plaisir à élaborer une stratégie et attribuer un rôle à chacun de nos héros. Les classes à débloquer se font désirer et demandent de s’investir. L’envie de débloquer des capacités, des techniques et d’améliorer les statistiques de ses personnages nous tient tout au long de la partie. Et si au début les combats manquent un peu de dynamisme, cela est vite rattrapé avec l’apprentissage de nouvelles compétences qui viennent rythmer les affrontements. Le passage du jour à la nuit a aussi son intérêt. Par exemple le lycotrampe Kevin devient plus fort quand le soleil se couche.
Passer d’un combattant à l’autre est un jeu d’enfant. Et avec un peu de patience, les combats se transforment en un véritable terrain de jeu : frappe faible, coup puissant, attaque chargée, combos aériens, esquive en roulade, magie et surtout, les attaques spéciales obtenues grâce à la classe. Nouveauté, si vous enchaînez rapidement et finissez en beauté avec les attaque spéciales, vous obtenez un bonus d’expérience. En plus d’être jouissif, cela donne envie de s’appliquer. Quel dommage cependant d’avoir retiré le mode multijoueur, si propre à la série !
Points forts
- Un système de combat efficace
- La nostalgie de l'univers Mana
- Un contenu généreux et inédit
Points faibles
- On attendait plus de la bande-son
- Une histoire et des personnages très clichés
- Des animations lentes
Même en recontextualisant Trials of Mana, ce dernier peut paraître assez daté tant par son histoire simple que ses personnages peu profonds. Néanmoins, c’est une occasion de vivre ou de découvrir un classique du RPG japonais de l’époque 16-bits. Sa traduction en 3D n’est pas parfaite, mais le système de combat fonctionne à merveille. L’ajout d’un chapitre inédit et de contenus en général rend également ce remake pertinent. S’il faut un peu plus de 40 heures pour terminer une première fois l’aventure, vous pouvez rajouter quelques dizaines supplémentaires pour terminer le titre à 100 %. La question qui se pose maintenant est la suivante : à qui le tour Square Enix ? Chrono Trigger peut-être ?
Note de la rédaction
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